OHM

Projets 2014



Modélisation Exploratoire croisée des CHangements d’Occupation et d’Usages du sol et des Interactions hommes-milieux dans la vallée du Vicdessos entre 1800-2010- MECHOUI

Porteur du projet :

Mazier, Florence, CR1, CNRS UMR 5602 GEODE, Université de Toulouse le Mirail, florence.mazier@univ-tlse2.fr

 

Participants :

 

Cadrage problématique

Le projet MECHOUI s’inscrit dans le prolongement des recherches amorcées en 2010 sur la reconstitution des dynamiques de la végétation et des modes d’occupations des sols de la vallée du Vicdessos (projets BIOPAST (PEPS INEE), projets OHM DYVAH et OPA (2010-2013). Ce projet de recherche, exploratoire, s’inscrit sur une perspective de trois ans (2014-2016).

Après plusieurs siècles d’exploitation intense, la vallée de la Haute Ariège (Vicdessos) est actuellement confrontée à un processus d’abandon rapide des activités agro‐pastorales entraînant une recomposition totale des territoires marquée par une dynamique de reforestation à toutes les altitudes (Galop et al 2011). En fait, si ces changements observés sur les 50 dernières années ont été majeurs (Houet et al, 2012), ils s’inscrivent dans une dynamique à long terme reliant systèmes agropastoraux de montagnes (et en particulier les systèmes d’élevage) et territoire, l’état du couvert végétal actuel étant le reflet de cette dynamique sur plusieurs millénaires, siècles et décades. En particulier sur le Vicdessos, Galop et al. 2011 ont retracé l’historique, par grandes étapes, des différents systèmes agropastoraux qui ont occupé le territoire et utilisé ses ressources. Ces dernières, et donc le couvert végétal qui en est le reflet, sont donc à la fois le support et le témoin de ces usages passés et présents. Comment les activités humaines de cette vallée ont contribuées au cours des deux derniers siècles aux dynamiques des paysages et des écosystèmes montagnards ? Les évolutions des pratiques ont façonné les écosystèmes montagnards concernés mais ces derniers, replacés dans leurs propres dynamiques, ont également influencé les systèmes d’activité, déjà par le simple jeu de la disponibilité des ressources. Cependant, cette interaction n’est pas le seul facteur explicatif de la dynamique des systèmes agraires en général : les grandes étapes démographiques et économiques doivent être intégrées dans la compréhension de ces systèmes agraires intrinsèquement ouverts.

 

Objectifs

Dans ce contexte, le projet MECHOUI a pour objectif de caractériser les dynamiques spatiotemporelles du «système Haut-Vicdessos» en abordant plus spécifiquement les interactions entre activités humaines et dynamiques du couvert végétal au cours des 200 dernières années. Une approche sur la longue durée est essentielle pour mettre en relation dynamiques "socio‐agraires" et "environnementales". Ces recherches s'attacheront à:

  • Tester la validité et l’applicabilité de nouveaux développements méthodologiques paléo-écologiques (Landscape Reconstruction Algorithm) sur une zone atelier, riche en archives sédimentaires et sources cartographiques, pour reconstituer quantitativement l’abondance des plantes, groupes de plantes ou composantes paysagères à partir des données polliniques fossiles ;
  • Formuler des règles de distribution des unités paysagères à partir des données cartographiques sur les soixante dernières années (spatialisation rétrosprospective). Ces règles seront transposées aux reconstitutions paléo-environnementales afin de spatialiser l’information pollinique obtenue sur les derniers siècles ;
  • Tester la solidité des reconstitutions des usages du territoire et des ressources associées, usages modélisés comme des systèmes agropastoraux cohérents et dynamiques au travers d’un formalisme (dit UML : Unified Modeling Language) préparant la construction d’un SMAS (Système Multi-Agent Spatialisé).
  • Enfin, ce projet a un objectif méthodologique sur les trois ans du projet MECHOUI: construire ce type de modélisation croisée comme une démarche homogène globale renforce la confiance acquise envers chacun des modèles ainsi construits, en confrontant leurs sorties respectives.

 

Phase 1 : 2014

Cette année sera dédiée à la modélisation de l’abondance (proportion) de taxons floristiques regroupés en composantes paysagères (type de végétation) d’un territoire sur la base de données paléoécologiques (modèle LRA - Mazier et al, 2012, Fredh et al, 2013). Ces reconstitutions seront couplées à des données cartographiques (mobilisant la géomatique, la modélisation du paysage) et des connaissances en écologie (règle de distributions des unités paysagères) pour définir, selon une approche spatialisée (modèle spatial Automatique cellulaire – AC) fondée sur les principes de la prospective (Houet and Hubert‐Moy 2006), des patrons de distribution des communautés végétales sur des pas de temps continu (10-20ans) sur la période 1800-2010.
Un second modèle, SMAS, modélisera les interactions Hommes-Milieux sur la vallée du Vicdessos dans son ensemble sur la même période de temps, en s’intéressant plus particulièrement aux activités humaines transformant le couvert végétal (élevage, agriculture, charbonnage, etc.). L’année 2014 sera consacrée à l’élaboration d’une base de données des sources archivistiques disponibles et à la formalisation du modèle SMAS (Saqalli et al. 2010).

 

Références

  • Galop, D., et al., 2011. PAGES Newsletter, 19 (2): 53-55;
  • Fredh D., et al. 2013  Biogeosciences 10 : 3159-3173;
  • Houet T. et Hubert-Moy L., 2006, EARSeL eProceedings, 5 : 63-76;
  • Houet T., et al  2012. Sud-Ouest Européen, 33: 41-56;
  • Mazier, F., et Gaillard, M.J., 2011. Cahier d’Archéologie romande 120, pp. 11-18.
  • Mazier F., et al. 2012. Review of paleobotany and palynology, 187: 38-49.
  • Saqalli M. et al 2010.Journal of Artificial Societies and Social Simulation 13 (2)