OHM

Projets 2013


SYSTERPA 3 « Valorisation de la ressource paysagère et mutations contemporaines du système territorial en Haut-Vicdessos : formalisation, indicateurs, scénarios » 3e année

 

Responsable :

Dérioz Pierre MCF HDR géographie, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
UMR Espace-Dev 228 IRD – équipe AIMS/PASSAGE (Maison de la Télédétection – 500 Rue J.F. Breton, 34 093 Montpellier CEDEX 05 – France,
33 (0)4 67 54 87 14 - 8754 (std) / 04 67 95 06 75 (perso) –
pierre.derioz@univ-avignon.fr)

 

Participants :

  • Maud Loireau, géographe et géo-agronome, UMR Espace-Dev 228 IRD
  • Philippe Bachimon, géographe, UMR Pacte-Territoires 5194 CNRS / Université d’Avignon
  • Anne-Elisabeth Laques, géographe, UMR Espace-Dev 228 IRD
  • Mongi Sghaier, agro-économiste, IRA (Institut des Régions Arides, Médenine, Tunisie)
  • Nadine Dessay, géographe, UMR Espace-Dev 228 IRD

 

Mots-clés : Système territorial, paysage, développement touristique, ressources territoriales, logiques d’acteurs, représentations sociales

Le projet Systerpa 3 s’inscrit dans le prolongement direct des travaux réalisés en 2011 (Systerpa 1) et 2012 (Systerpa 2) dans le cadre de l’OHM Pyrénées-Haut-Vicdessos, avec pour objectif cardinal l’interprétation du Vicdessos en tant que système territorial montagnard en mutation, sous le double effet de dynamiques socio-spatiales de temps long (déprise agro-pastorale au bénéfice des espaces forestiers) et de temps court (reconversion volontariste de l’économie locale dans les activités récréatives et touristiques pour compenser la disparition rapide de la vocation mono-industrielle autour de laquelle elle s’était structurée au XXe siècle, avec glissement d’une économie à dominante productive à une économie à dominante résidentielle). Au delà du volontarisme politique qui porte cette transformation, l’enjeu de la recherche réside dans l’évaluation de la cohérence et du degré de consolidation du système territorial en émergence, qui comporte des éléments nouveaux (formes adaptatives, innovations…) mais compose aussi avec les héritages (pastoraux, forestiers, industriels…) des systèmes antérieurs. Pour permettre une réflexion prospective, les efforts de formalisation du système territorial doivent tout autant mettre en évidence les forces motrices que les tensions, les blocages et les fragilités. Le souci d’explorer la complexité territoriale sans la simplifier à outrance mais en tentant d’en dégager les structures et les fonctionnements majeurs a conduit à privilégier trois voies de formalisation systémique du système territorial :

  • interprétation en termes de sous-systèmes articulés (géosystème, système socio-économique, sous-système des représentations). C’est sur le sous-système socio-économique que les travaux ont pour le moment été poussés le plus loin.


    Les composantes du système territorial du Vicdessos

  • Formalisation systémique des problématiques majeures du territoire (reconversion industrielle, mise en tourisme, déprise/reforestation…) conduit au contraire à mettre en relation des éléments de toute nature, matériels/immatériels, « naturels »/anthropiques, « réels »/représentationnels, et transcende donc les sous-systèmes précédemment évoqués, l’accent étant mis sur les processus évolutifs et les dynamiques (approche diachronique).
  • L’analyse du degré de cohérence et d’ouverture du Vicdessos, enfin, passe par celle des interactions entre l’échelle du système territorial et son environnement extérieur à différentes échelles, du micro-régional au globalisé : le degré d’autonomie/dépendance du territoire (emplois, services…) a été exploré dans ce cadre, de même que les questions stratégiques liées à l’intégration du Vicdessos dans une « destination » « Montagnes de Tarascon–Vicdessos » juste un peu plus large que la Communauté du Communes d’Auzat et du Vicdessos.

Considéré selon trois angles d’attaque distincts mais complémentaires, le paysage occupe une place centrale dans la recherche :

  1. source d’information directe sur le territoire et ses transformations, il représente l’expression perceptible d’un état du système, à un moment donné, et pour un espace donné au sein du territoire (fonctions indicatrices et intégratrices du paysage) : l’approche typologique des paysages du Vicdessos réalisée au cours de l’année 2011 a permis de distinguer huit types paysagers différents, sur des critères qui croisent notamment étagement des milieux, occupation du sol et distribution des activités anthropiques. Ces différentes physionomies paysagères traduisent des équilibres différents entre les vocations pastorales, forestières (forêts RTM), énergétiques (hydroélectricité) et touristiques, et correspondent ainsi à des expressions localisées du système territorial d’ensemble.
  2. complexe de représentations mentales du territoire, différentes d’un groupe d’acteurs à l’autre, mises en scène par les acteurs territoriaux qui portent le projet de reconversion, les représentations du paysage et de ses dynamiques constituent aussi l’un des ressorts majeurs du fonctionnement du système territorial.
  3. ressource de base pour la dimension touristique du système contemporain, le paysage constitue enfin un enjeu socio-économique, environnemental et culturel dans le jeu des acteurs (comme tel, ou comme mode d’expression d’enjeux d’une autre nature). L’analyse des multiples interactions entre approches patrimoniales (sentiers d’interprétation, restauration de terrasses…) et mise en ressource par le tourisme rattache étroitement cette troisième approche du paysage à la question des représentations.

 

Objectifs pour 2013 :

Au-delà de l’objectif général de ce programme (connaissance et formalisation du système territorial), quatre objectifs différents ont été identifiés pour cette troisième année :

  • Deux des points clés du fonctionnement du système territorial du Vicdessos méritent d’être approfondis, à la fois pour eux-mêmes et pour une meilleure compréhension de l’ensemble :
    • Le premier concerne l’emprise spatiale (fond de vallée/estives), l’impact écologique, et le fonctionnement socio-économique actuel des activités d’élevage, par rapport auxquelles les opinions des acteurs locaux sont souvent divergentes (poursuite de la déprise vs stabilisation de la présence pastorale). Cela suppose un travail d’enquête systématique auprès des éleveurs (systèmes d’exploitation), et un inventaire raisonné des surfaces (emprise spatiale / qualités fourragères / dynamiques écologiques) combinant terrain et télédétection, et débouchant sur l’élaboration de cartes. Appuyé sur des partenariats locaux (Communauté de communes, PNR de Pyrénées Ariégeoises, Fédération pastorale…), ce travail sera réalisé dans le cadre d’un stage de Master 2 de géographie (avril-septembre 2013). L’un des aspects de la recherche concerne la faible part que ces activités prennent pour le moment dans l’offre touristique, au-delà d’un rôle déterminant d’entretien des espaces ouverts d’estives ou de fond de vallée.


      Parcours semi-forestier au dessus de Pradières - 10 août 2012 (P Derioz)

    • Le deuxième concerne le poids considérable des résidences secondaires (66% du parc immobilier, soit une capacité d’accueil très supérieure à celle des lits marchands), et l’enjeu essentiel que représente la compréhension des modalités de présence (durée, fréquence des venues, éloignement de la résidence principale…) et le type d’investissement local (associatif, social, politique…) de résidents secondaires dont les attaches locales semblent généralement fortes. Amorcée cette année en saison estivale, l’enquête sera conduite aussi à partir d’informateurs locaux (élus…).


      Maisons fermées à Orus - 10 octobre 2012 (P Derioz)

  • La poursuite des efforts de formalisation du système territorial, plutôt centrée en 2012 sur le sous-système socio-économique, se focalisera davantage en 2013 sur le sous-système des représentations, à partir des éléments recueillis dans le cadre des entretiens (déjà conduits ou à venir), et de l’analyse de documents (déjà bien avancée en ce qui concerne la documentation touristique). L’approche des représentations mentales (individuelles) et sociales (collectives) les envisage dans une perspective diachronique, soucieuse de distinguer les permanences (héritages), les formes adaptatives de représentations préexistantes, et les éléments nouveaux (émergences). La question des représentations du territoire constitue notamment l’un des axes principaux du travail sur les résidents secondaires (celles des résidents secondaires, mais aussi celles du phénomène de la résidence secondaires chez les différentes catégories de résidents permanents).
  • A la croisée entre l’approche typologique des paysages d’une part, des différentes caractérisations du système territorial contemporain d’autre part, le travail de définition d’indicateurs simples ou plus complexes par rapport aux processus en cours, déjà engagé, sera poursuivi. Il repose avant tout sur la mobilisation d’indicateurs paysagers (typologie des dynamiques paysagères et suivi de secteurs témoins en mutation. Assortis de la procédure permettant de les renseigner de manière régulière, et associés à des indicateurs socio-économiques (fréquentations, emploi, résidentialité…), ces indicateurs pourraient jeter les bases d’un dispositif de suivi des mutations du territoire.
  • A partir des interprétations systémiques élaborées par les chercheurs, et à la condition de passer par un temps de discussion et d’appropriation collective des modes de représentation du système territorial et des indicateurs retenus, devraient être mis en œuvre avec certains acteurs du territoire des ateliers de prospective, dont l’objectif serait aussi bien de favoriser les liens entre acteurs locaux et recherche à travers une démarche participative (diagnostic, scénarios…), que de passer les résultats de la recherche au crible de « l’expertise locale ».